Sous la dictature de Salazar, le magazine « O Papagaio » (« Le perroquet ») décide de publier les aventures de Tintin, naturalisé Tim-Tim, reporteur censé être de pure souche portugaise. Milou y change de sexe et s’appelle Rom-Rom. « Tintin au Congo » est rebaptisé « Tim-Tim em Angola », histoire de montrer que le Portugal possède des colonies. Comme le régime proclame très haut sa foi catholique, l’éditeur s’auto-censure, passe à la trappe un pasteur protestant qui passait par là.

Oliveira da Figueira (« Oliveira du Figuier »), commerçant sympathique, doté de moustaches en crocs à la Salavdor Dalí, s’en tire mieux. Personnage complexe, il intrigue Albert Algoud, qui s’en sert pour dévider la pelote de l’histoire du Portugal, notamment l’époque tragique où le royaume obligea ses Juifs à se convertir en masse. Le bénitier ou la mort !

Détail plus léger : les aventures de Tim-Tim ne rapportèrent pas seulement de l’argent à Hergé. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Portugal, pays neutre, ne souffrait pas du rationnement. Aux éditeurs de Tim-Tim, Hergé demanda de lui envoyer en Belgique des colis de nourriture. Notamment des boîtes de sardines. Les envois furent suffisamment fréquents pour qu’il soit soupçonné de se livrer au marché noir. Mille sabords ! Et même pas une bonbonne de rhum ?

Frédéric Pagès – Le Canard Enchainé – Novembre 2021

Houpette et Bacalhau. Le Senhor Oliveira Da Figueira… & les aventures de Hergé et Tim-Tim au Portugal

Laurent Lafourcade présente Le senhor Oliveira da Figueira

L’éminent tintinlogue Albert Algoud dévoile une nouvelle facette de l’inépuisable univers hergéen. Dans cet ouvrage jubilatoire, il se penche sur la réception de Tintin au Portugal, qui se révèle l’autre contrée d’adoption, avec la Belgique et la France du petit reporter. Premier pays à avoir traduit ses aventures, le Portugal se prit d’une telle passion pour cette icône du XXe siècle qu’il offrit même à “Tim-Tim” la nationalité lusitanienne, cas unique dans les adaptations de la série. Une assimilation facilitée par l’apparition, au fil de nombre d’albums, d’un personnage, le senhor Oliveira da Figueira. L’auteur offre à ce fantasque marchan une biographie imaginaire, mi-loufoque, mi-sérieuse, faisant de lui un émule lointain du baron, de Charlus (!) tout en revenant sur son ascendance judaïque. Avec ce petit Oliveira illustré, vous apprendrez même que Hergé demanda un jour à son éditeur portugais à être payé … en sardines, qu’il destinait à son jeune frère, alors prisonnier dans un camps en Allemagne.

Romain Brethes – Le Point – Janvier 2021

Tim-Tim em Portugal

Albert Algoud, le plus calé et le plus rigolo des tintinologues, s’est penché sur le senhor Oliveira da Figueira (Les cigares du pharaon, L’or noir, Coke en stock) truculent portugais à la biographie mouvementée et pleine de secrets. La seconde partie raconte l’oncroyable histoire de l’édition portugaise de Tintin où, entre bizarrzrie, Oliveira devient espagnol, milou change de sexe et Hergé se fait payé en boîtes de sardines. Indispensable !

Pascal Fioretto – Fluide Glacial – Janvier 2022