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La mort aux trousses

En 1985, cela faisait moins de 10 ans que le président Mao était mort à Pékin. Sur la péninsule de Macao, les Portugais comptaient fébrilement les années de douceur de vivre qui leur restaient à passer dans le sud de la mer de la Chine. La mémoire portugaise est longue. Tous les João, les Luis et les Miguel de Macao se souvenaient que l’ouverture de la route maritimes des Indes par Vasco de Gama à la fin du XVe siècle avait permis à leurs ancêtres d’aboutir sur ce petit morceau de terre. Mais la patience chinoise est sans limites. Après quatre vingt-cinq ans de présence en Asie, l’heure du retour des caravelles avait sonné. Les portugais allaient devoir faire leurs valises. 

Nostalgie de la mère patrie 

Dans les premières pages du Club de Macao, le second roman de Pedro Garcia Rosado traduit en français, on ne sent pas les protagonistes de cette ténébreuse affaire tenaillés para la nostalgie de la mère patrie. Autour du juge Carlos de Sousa Ribeiro s’est organisé un petit groupe d’ambitieux, de jouisseurs et de mystificateurs bien décidés à profiter jusqu’au bout de la douceur câline des nuits de Chine : un inspecteur de la police judiciaire, deux agents de la Policia de Segurança Publicca (PSP), un médecin aux dossiers bien renseignés et un présentateur de télévision promis à une longue carrière. Ils sont cinq et non pas treize, comme dans ce grand roman noir qu’est Ferragus. Mais comme les créatures de Balzac, ils n’admettent aucune idées du monde et n’en reconnaissent aucune loi. Sam Wah, le chef d’une triade de Macao et de HongKong, a mis à leur disposition des maisons vides dans lesquels ils organisent des petites fêtes en compagnie de jeunes chinoises peu farouches. Une organisation impeccable, jusqu’à ce que l’un des cinq, le policier Carlos Vasques, tombe amoureux de Li Huei, une Chinoise qui rêve d’Europe. Li Huei est alors exécutée et vasques doit fuir au Portugal.

Deux décennies plus tard, les ambitieux qui se sont rencontrés en Asie n’ont pas renoncé à parcourir le monde de bas en haut. Après la défection d’un second agent de la PSP, les anciens membres du Club de Macao ne sont plus que trois, mais leur volonté de puissance a décuplé : devenu procureur général, Carlos de Sousa Ribeiro prétend désormais se faire élire président de la République. Son problème est que le « procès de Bienfaisance », une monstrueuse affaire d’abus sexuels à caractères pédocriminel, vient d’ébranler le Portugal. Les milieux politiques, économiques et médiatiques ont tous été éclaboussés. Le procureur général ne tient pas à ce que le lien soit fait avec le Club de Macao et s’inquiète d’être sans nouvelles de l’agent Carlos Vasques. Un autre personnage exprime sa crainte. « Nous sommes dans un petit pays, où tout se sait. Où tout le monde couche avec tout le monde. Où l’information circule à grande vitesse. Et où les invitations, les sollicitations, les pressions, les propositions … laissent des traces. » 

Un roman noir glaçant, inspiré d’une affaire contemporaine, le réseau de notables pédophiles de la Casa Pia. 

Sébastien Lapaque – Le Figaro – Juin 2020

Le Club de Macao, les salauds et les spectres des colonies

Dans son nouveau livre, l’auteur portugais Pedro Garcia Rosado raconte le destin d’expatriés à Macao, de retour au pays, hantés par le meurtre d’une adolescente chinoise dans le bordel dont ils étaient propriétaires.

Pour ce roman noir sur fond de pédophilie, le Portugais Pedro Garcia Rosado s’est inspiré d’une affaire qui a secoué son pays en 2002, celle de la «Casa Pia» (la Maison pieuse). Des notables de tous bords avaient été accusés d’avoir abusé d’adolescents pensionnaires d’un orphelinat. Dans le Club de Macao, Pedro Garcia Rosado, né en 1955, se transporte dans un décor plus exotique, celui de l’enclave chinoise, territoire portugais pendant quatre siècles rendu à la Chine en 1999.

Impunités

Prologue : on est en 1986, et le temps des colonies est propice à toutes les impunités. Une poignée de fringants «expatriés» portugais (policiers, juge, médecin, etc.), baptisé le Club de Macao, créent un bordel privé qu’ils remplissent d’adolescentes chinoises appâtées par la perspective de rejoindre l’Europe. Le meurtre de l’une d’entre elles, entaillée de haut en bas avec une précision chirurgicale, fait éclater le groupe, qui rentre dare-dare au pays. Vingt ans plus tard, les mêmes, auréolés par leur réussite sociale, vont voir se réveiller les spectres de Macao, lorsque l’un des deux Carlos du groupe, décide de se lancer dans la course à la présidentielle. Est-il le «Cal…», dont le nom avait été écrit sur un mur avec du sang par la jeune Li Huei, qui n’arrivait pas à prononcer le «r» de Carlos ?

Vengeance

Un promoteur obèse, Correia, qui semble agiter des ficelles ; un policier trop malin pour profiter de ses vieux jours ; un directeur de média qui retourne sa veste… Sur un terrain tendu de pièges, n’apparaissent solides que l’esprit de vengeance du policier Carlos Vasques, un repenti du Club, qui fut amoureux de la fille assassinée, et l’ambition présidentielle du procureur général Carlos de Sousa Ribeiro. «Vasques est inquiet, il ne réussit pas à résister aux souvenirs qui l’envahissent, comme des soupirs que l’on entend dans l’obscurité d’une salle que l’on croit vide, mais qui est pleine de fantômes. Ce que Correia lui dit ne jure pas avec l’image qu’il a conservé de Sousa Ribeiro, la façon dont il a créé le Club de Macao et s’est imposé à tous.»

La divulgation de clichés volés prouve que les pédophiles sont toujours en activité. La photo d’un adolescent sodomisé qui ressemble à Li Huei bouleverse l’ex-policier Vasques. A la fin de ce livre où les scènes d’action sont esquissées à grands traits comme dans un scénario de film, il y aura beaucoup de salauds morts et toujours autant de spectres chinois.

Frédérique Fanchette – Libération – Juin 2020

Macao, au milieu des années 80, attend d’être absorbée par la République populaire de Chine quelques années plus tard, cette ville-monde est en effervescence permanente : casinos, bordels et trafic d’opium brassent des fortunes considérables. Dans ce territoire portugais du bout du monde, les triades s’épanouissent, le jeu et le vice sous toutes ses formes fleurissent, ce qui aiguise bien des appétits. Six jeunes gens, Portugais expatriés, décident d’y fonder un club un peu particulier, le Club de Macao. Une sorte de maison close privée, à leur usage exclusif, accueillant de très jeunes filles, bien au-dessous de l’âge légal pour se livrer à la prostitution. Un lieu bien à eux, ce qui les empêchera de dilapider leurs salaires dans les commerces locaux du même type, n’offrant pas la même « qualité » de pensionnaires, ou alors pour des sommes astronomiques.

Comme trois d’entre eux sont policiers et un quatrième juge, rien de plus simple que de faire libérer, en truquant le dossier, un vieux criminel chinois, Sam Wah, qui deviendra leur fournisseur en chair fraîche. Des gamines, fuyant le régime de Pékin, que nul ne recherchera jamais, dont personne ne s’inquiétera. Les flics et le magistrat sont associés dans ce projet à un médecin et un présentateur de télévision, entre gens de bonne compagnie, on parvient toujours à s’entendre sur le dos des pauvres. Le Club de Macao fonctionne à merveille durant deux années et tout le monde y trouve son bonheur, sauf peut-être les adolescentes exploitées, mais comme on ne leur demandera jamais leur avis, rien ne cloche.

Le grain de sable sera, une fois de plus, l’irruption de sentiments amoureux dans ce qui ne devait être qu’un lieu dévolu à assouvir la soif de pouvoir des mâles et les désirs, quels qu’ils soient. En effet, Carlos Vasques, un des policiers, tombe amoureux d’une des filles, Li Huei et entend bien l’épouser. Il n’en aura pas le loisir. Celle-ci, au début de cette histoire, vient d’accoucher du fils de Carlos – du moins en est-il persuadé -, et celui-ci la retrouve, assassinée de manière ignoble. Vasques récupère le bébé et quitte Macao après avoir confié l’enfant à un orphelinat. Le Club a vécu. Les autres membres rentreront, un à un, au Portugal.

Ce n’est que vingt ans plus tard, à Lisbonne, que l’affaire refera surface. Le juge, Carlos de Souza Ribeiro est désormais un personnage très important, il a été promu Procureur général et des ambitions lui viennent alors que se profile l’élection présidentielle. Souza s’est taillé une solide réputation d’incorruptible et d’homme sincère, il participe au financement d’œuvres caritatives, dont des orphelinats. La route vers la présidence lui semble grande ouverte. Le magistrat réunit ses anciens amis, dont l’un est devenu chef de la police, l’autre l’un des plus célèbres chirurgiens du Portugal et le présentateur, directeur de la télévision nationale. Des notables quasi intouchables, contrôlant de multiples pouvoirs, judicaires, policiers ou médiatiques qui s’entendent afin de vicier la démocratie, c’en est presque banal, mais rien dans l’univers de Pedro Garcia Rosado n’est ni banal ni simple.

Carlos Vasques, lui, de son côté, a quitté la police, il dirige une importante agence de sécurité, est marié, a deux enfants, et paraît avoir tiré un trait sur son douloureux passé. Paraît, seulement, parce qu’il n’a pas oublié son dernier jour à Macao et le meurtre de Li Huei. Il ne fait plus partie de la bande du procureur, pas plus que son ancien collègue, Gabriel Santana, qui avait été chargé de l’enquête sur la mort de la jeune prostituée, et qui ne s’est pas vraiment remis, lui non plus, de ce drame.

Alors que le procureur général lance sa campagne, de puissantes et discrètes forces financières décident, dans le plus grand secret, d’en savoir davantage sur le candidat. Dans le même temps, des photos compromettantes pour Souza Ribeiro refont surface, le meurtre d’un des ex-membre du Club, une main invisible dispose des obstacles sur le chemin vers sa victoire à l’élection. Le procureur mobilise ses amis, qui ont autant à craindre que lui d’un déballage général, afin de découvrir qui se cache derrière ces attaques, pouvant non seulement lui coûter une victoire facile, mais également son poste et faire s’écrouler tout ce qu’il a bâti…

Ne cherchez pas de gentils dans ce magnifique roman noir, il n’y en a pas. On y trouve des salauds, à des degrés divers, occupés à de sales jeux pervers de pouvoirs, usant de trafics d’influence et de privilèges indus. Mêmes les justiciers n’y obéissent pas à de nobles sentiments, tout y est corrompu, tordu, abîmé. Dans le droit fil de Mort sur le Tage, son précédent (Chandeigne – 2017), Pedro Garcia Rosado ne prête guère de bons côtés à ses personnages principaux. La société qu’il décrit est en pleine déliquescence, et l’on s’y venge plus d’une humiliation qu’on y rend justice aux victimes. La culpabilité n’étouffe pas les anciens membres du Club de Macao, leurs crimes passés ne les embarrassent que parce qu’ils peuvent nuire à de brillantes destinées qu’ils estiment bien méritées, s’ils viennent à être découverts. On sent en permanence une morgue de classe chez ces hommes, à laquelle s’ajoute une auto-absolution de leurs fautes, un sentiment d’impunité et d’incompréhension de ce qui peut leur être reproché. À vrai dire, il n’existe guère de différence entre le milieu mafieux de Macao et les magouilles des affairistes et politiciens de Lisbonne, les mêmes hommes commettent des forfaits identiques sans être plus inquiétés.

Ce récit s’inspire d’un véritable scandale ayant eu lieu au Portugal, le procès pour crimes pédophiles de la « Casa Pia », mais sa façon de traiter son intrigue la rend, bien entendu, universelle. Le Club de Macao prend aux tripes par la force de l’écriture, le style puissant de Rosado, superbement traduit, qui raconte les mécanismes à l’œuvre dans une société dominée par l’appât du pouvoir et du gain, le mépris de la vie des exclus. Que se passe-t-il lorsque les piliers censés garantir justice et équité – police, justice, presse – sont gangrenés, lorsque des criminels en ont la charge, en-dehors de toute morale, et qu’il ne reste plus que la solution de la vengeance brutale et individuelle afin de rétablir un semblant d’équilibre ? Pour Rosado, pessimiste à raison, ce n’est pas la vertu ou l’équité qui triompheront, mais d’autres forces, plus obscures encore…

Puissant et beau roman, d’une noirceur absolue. Crimes pédophiles, notables et châtiments, entre Macao et Lisbonne, vingt ans après, de la grande littérature !

Patrick Cargnelutti – Quatre sans quatre – Juin 2020

Trois ans après Mort sur le Tage, les éditions Chandeigne reviennent au roman noir avec un autre livre de Pedro Garcia Rosado qui, une fois encore, vient gratter le vernis de la bonne société portugaise pour révéler ce qui se cache en dessous et ici en particulier les relents d’un passé colonial mal digéré.

En 1985, à Macao, encore occupé pour quelques années par le Portugal, un groupe se forme autour du juge Carlos de Sousa Ribeiro. On y trouve des policiers, dont l’agent Carlos Vasques, un médecin et un présentateur de télévision. Ce Club de Macao, ainsi qu’ils l’appellent aura pour fonction de procurer à ces expatriés bien en vue les moyens de se divertir discrètement en jouant mais aussi et surtout avec de jeunes immigrées clandestines venues de Chine communiste. C’est le meurtre de l’une d’elle, Li Huei, dont Vasques s’était épris, qui va faire éclater le groupe et précipiter le retour de ses membres au Portugal.

Vingt ans après, chacun a fait son chemin à Lisbonne. L’un est devenu un des chefs de la police, l’autre un chirurgien de renom, un autre encore dirige une grande chaîne de télévision, et Sousa Ribeiro, procureur général envisage de se présenter à la prochaine élection présidentielle. Ces quatre-là ont en commun d’avoir grimpé rapidement les échelons et d’avoir chacun à leur niveau profité du « procès de la Bienfaisance », une affaire qui a défrayé la chronique en mettant à jour un réseau pédophile dans lequel de grands notables et des membres de l’Église étaient impliqués.

Carlos Vasques, lui, a quitté la police pour monter une agence de sécurité. C’est l’un de ses clients, un opposant de Sousa Ribeiro, qui va le mettre sur la piste de ce dernier et peut-être bien lui offrir une vengeance.

Librement inspiré de l’affaire de la Casa Pia qui a défrayé la chronique judiciaire et politique portugaise pendant des années, ce nouveau roman de Pedro Garcia Rosado met en scène une belle galerie de salauds bien intégrés dans une société où domine un esprit de caste hérité d’un empire disparu dont ils se nourrissent encore à travers l’exploitation de ses orphelins. On trouvera de fait bien peu de personnages positifs dans Le Club de Macao à l’exception peut-être de quelques femmes en second plan, parce qu’elles sont détachées des ambitions dévorantes de leurs époux, et de deux flics, l’un brisé et perclus de remords pour avoir fait partie du club, l’autre bien plus jeune et consciencieux. Vasques, jamais remis de la mort de Li Huei, reste malgré tout un membre fondateur dudit club et semble animé autant par le désir de vengeance que par celui de démontrer qu’il est au moins aussi intelligent et retors que Sousa Ribeiro. Quant à cette vengeance que les circonstances lui permettent de fomenter, elle n’implique pas pour lui une quelconque forme de rédemption. C’est toute l’ambigüité de ce personnage dont l’aspect positif, ou à tout le moins susceptible de susciter un peu d’empathie de la part du lecteur, tient à son histoire tragique avec Li Huei et son enfant mais aussi au fait qu’il est seulement moins pourri que son adversaire.

Bien ficelée, l’intrigue ne cesse de s’accélérer jusqu’à une dernière partie un brin théâtrale mais indéniablement prenante et une ultime scène glaçante. Cette efficacité, alliée à une critique acérée du petit monde politique et médiatique portugais, fait de ce deuxième roman de Pedro Garcia Rosado une nouvelle réussite.

Yan Lespoux – Blog Encore du noir ! – Juin 2020

Dérives du pouvoir

Quand un auteur prend pour titre d’un roman Le Club de Macao, il ne le fait pas avec innocence. Il sait pertinemment que le lecteur va avoir des images cinématographiques de films noirs avec Robert Mitchum, de la faune exotique, de la drogue et de l’aventure. De fait, Pedro Garcia Rosado débute son intrigue de la plus classiue des manières avec un style volontairement ancien digne des romans d’aventure ou à énigmes des années 1930-1940. Pourtant, l’histoire débute en janvier 1986. On est loin de l’époque coloniale, mais on va se confronter à un groupe de connaissances, pas d’amis, qui travaillent tous plus ou moins dans un rouage de l’administration judiciaire, et qui vont glisser plus ou moins consciemment de la légalité à l’illégalité, de la morale à l’immoralité par le biais d’un personnage, lui, plutôt amoral. Ces individus au nombre de cinq, réunis autour d’un juge, Carlos De Souza Ribeiro, vont monter un club discret à Macao, faire venir des prostituées chinoises par l’entremise de Sam Wah, un homme de la pègre qui aurait dû être emprisonné, assouvir leurs besoins d’hommes jusqu’à ce qu’un grain de sable vienne s’immiscer dans les rouages précités. Carlos Vasques, un des membres du club, policier de son état, est tombé amoureux d’une prostituée chinoise du nom de Li Huei. Ensemble ils ont eu un enfant. Mais il a enfreint les règles du club puisqu’il a en quelque sorte lié une relation exclusive (même si un autre membre du club loue les services de la jeune femme). Et puis la même Li Huei a été retrouvée morte, éviscérée, dans une mise en scène sensée incriminer Carlos Vasques. Alors celui-ci a fui non sans avoir remis l’enfant qu’il avait eu avec Li Huei à un orphelinat. Là-dessus, les années passent, et l’histoire de Pedro Garcia Rosado peut enfin exploser et changer de style. Les nouveaux événements se déroulent du 16 janvier au 24 août 2006, principalement à Lisbonne et dans sa périphérie. On va progressivement retrouver les cinq protagonistes du début qui ont tous plutôt bien réussi dans leur vie professionnelle à l’exception d’un. Le juge est en passe de se présenter aux élections présidentielles. Le passé ne doit absolument pas resurgir, mais comme le passé est têtu, c’est pourtant ce qui va arriver. Et avec lui, la vengeance planifiée de Carlos Vasquez, aujourd’hui dirigeant d’une entreprise trouble de sécurité, SecurExtra. Surtout, l’ouvrage va s’attarder sur une sordide histoire de pédo-criminalité qui tourne autour du collège de la Bienfaisance et de photos qui circulent. Outre qu’il va puiser dans l’actualité portugaise, le roman de Pedro Garcia Rosado s’articule autour du personnage central d’un juge qui aurait dû être fasciste. Implacable, froid, sûr de sa supériorité et de son état de surhomme, qui manigance, use et abuse de ses relations, et est un maître chanteur patenté. Ce personnage est tellement noir, une crapule en toge, qu’à côté de lui les autres et principalement Carlos Vasques font figure d’honnêtes gens, voire pour ce dernier de héros. Ce qu’il n’est au demeurant absolument pas. L’auteur ajoute tardivement un autre personnage de flic, José Moura, personnage plus incontournable dans son précédent roman, et qui ici fait office de chevalier blanc, et qui va faire partie de la mécanique d’un certain retour de la justice. L’histoire se lit d’une traite. Elle est efficace (et universelle malgré son côté lisboète sur les dérives du pouvoir et la masculinité machiste). Le style aussi. Le Club de Macao est un bon roman noir.

Julien Védrenne – K-libre – Mai 2020