Néerlandais, Willem Barentsz est l’un des premiers à tenter de trouver une voie navigable au Nord de l’Europe pour atteindre la Chine (1594 à 1597).
Après deux éditions datant de 1996 et 2000, le récit de voyages des expéditions du néerlandais Willem Barentsz est désormais publié en version poche par les éditions Chandeigne. Sous le pseudonyme de Xavier de Castro, Michel Chandeigne est le traducteur de l’ouvrage à partir de l’édition critique de Linschoten-Vereeniging (1718) et de la version de René-Auguste Constantin de Renneville (1702). Seules les données répétitives et de peu d’intérêts (relevés astronomiques, géographiques et éoliens) ont été supprimées.
Willem Barentsz échoue à trois reprises pour trouver un passage du Nord-Est afin de relier la Norvège à l’Asie de l’Est. Ses trois voyages financés par les marchands des Provinces-Unies de 1594 à 1597 l’entraîne à la découverte de l’archipel du Svalbard et de la côte ouest de la Nouvelle-Zemble. Il décède lors du voyage retour de sa troisième tentative. En 1871, la cabane (« la maison de survie ») où son équipage a hiverné sur la Nouvelle-Zemble est retrouvée intacte par un capitaine norvégien (Elling Carlsen). L’ensemble des instruments et des objets du quotidien sont encore là, plus de 250 ans après. La majorité est dispersée dans plusieurs musées (Amsterdam, Archangelsk) et collections privées. De nombreuses photographies de ces objets de la maison de survie de Barentsz sont visibles à la fin de l’ouvrage, précédant la bibliographie commentée des ouvrages en langue européennes (néerlandais, français, anglais, norvégien, latin).
Une édition de très grande qualité
L’un des principaux atouts de l’ouvrage est sa richesse documentaire. 87 illustrations, dont de nombreuses cartes et gravures sont fidèlement reproduites. En dépit de son format poche, les cartes sont imprimées en couleur, facilitant grandement la lecture. Les petites gravures de navires parsèment l’ouvrage et apporte un cachet supplémentaire. Elles sont tirées de l’édition allemande de 1598 gravées par Lieven Hulst. Les cartes et les planches sont celles réalisées par Baptista van Doetechum et publiées en 1598, 1601 et 1611.
Une anecdote à la page 121 permet de se rendre compte de la contrainte du froid à la Nouvelle-Zemble en 1597 :
« Le 13 octobre, trois matelots s’en allèrent au vaisseau, et chargèrent de la bière sur un traîneau ; mais comme ils partaient, il se leva un vent si violent, puis il y eut un si grand orage et il fit un froid si terrible, que non seulement ils furent obligés de rentrer dans la navire, mais même de laisser la bière dehors sur le traîneau. Le lendemain, ils trouvèrent le fond du tonneau de sapinette [1] tout crevé par la force du gel ; et la bière, qui en avait voulu couler, était gelée et prise contre le fond, comme si c’eût été de la colle forte ».
L’ouvrage de poche se révèle agréable à manipuler.
Grâce à une très riche édition et une traduction de qualité, ce petit ouvrage à prix raisonnable est l’occasion d’accompagner un navigateur néerlandais dans les espaces polaires où la rudesse du climat et les difficultés techniques des voyages sont extrêmement nombreuses.
Antoine Baronnet – Les clionautes – Mai 2018