Le sertão, la mer et les Andes, théâtres des récits fascinants du brésilien João Guimarães Rosa
L’auteur de «Diadorim» pratiquait aussi l’art de la nouvelle. «Mon oncle le jaguar» en propose neuf, des merveilles, traduites pour la première fois, où il déploie ses inventions de langage.
Un des plus beaux romans, un des plus novateurs du XXe siècle raconte une histoire de vachers dans le sertão brésilien: Diadorim,le chef-d’œuvre épique de João Guimarães Rosa. Des troupeaux immenses, les hommes qui les conduisent et des inventions langagières, il y a en aussi à foison dans Mon Oncle le jaguar, recueil de neuf nouvelles posthumes du même auteur. Et inédites en français: seul le récit-titre avait été traduit, et c’est une performance, car ce texte est une troublante expérience de langage !
Cachaça
Dans la forêt où il vit, seul et sauvage, un métis d’Indien et de Blanc reçoit la visite d’un voyageur égaré. Ils partagent une bouteille de cachaça. Mon Oncle le jaguar est le monologue de cet homme, une mélopée étrange et fascinante, orale, faite d’onomatopées, de termes de la langue tupi, de néologismes et de mots inventés. Et tant pis si on ne comprend pas tout. L’homme est un chasseur d’onces, de jaguars; il s’en vante et pourtant, il s’en défend: «Houille! Atié! Atimbora! Vous pouvez pas dire que j’ai tué des onces, vous pouvez pas. Moi, je peux. Dites pas ça, non. Je tue plus d’once, j’en tue plus. C’est pas beau – que j’ai tué. L’once ma parente. J’en ai tué des tas. Vous savez compter? Comptez quatre, dix fois, voilà: ce tas, vous le comptez quatre fois. Tant que ça? Pour chacune que j’ai tuée, j’ai mis un caillou dans la calebasse. Dans la calebasse, y a plus la place pour un caillou de plus.»
La belle souassourana
Et d’évoquer – «han-han» – tous les fauves qu’il a chassés, les jaguarapinima, les mouchetées, et la grande, la belle souassourana,leur viande savoureuse, les peaux qu’il gardait avec soin. Il parle de sa mère qui lui manque, d’autres femmes, du mauvais patron qui lui a commandé ces crimes, de la solitude et du danger. L’alcool lui délie la langue, et peu à peu, on comprend qu’il est lui-même jaguar, et que son oncle, c’est le jaguarété. Le crime de parricide le hante. Il est l’amoureux jaloux de Maria-Maria, une belle once qui «sent la fleur de bois d’ail sous la pluie». Un assassin aussi peut-être, assassiné à son tour: «Hé… Aar-rran… Aaanh… M’avez arrhooué… Rémouaci… Réïoucaanacé… Araan… Uhm… Aïe… Aïe… Ouh… ouh… ééé… éé… é… é…»
Un juste
João Guimarães Rosa (1908-1967) a d’abord été médecin, puis diplomate, en Amérique latine et en Europe. Pendant la guerre, en poste à Hambourg, il a délivré aux Juifs beaucoup plus de visas brésiliens que ses quotas ne le lui permettaient, ce qui lui a valu le titre de «juste» en Israël. Sa carrière d’écrivain est dominée par son unique roman, le merveilleux Diadorim. Il a créé une langue baroque «pleine d’archaïsmes, de néologismes, de régionalismes, de mots érudits et de déplacements de sens», écrit son traducteur. Ce n’est pas une restitution réaliste. Savant, polyglotte, Guimarães Rosa a élaboré un nouvel idiome, intensément poétique, puissant: «On parle dans le sertão la langue de Goethe, de Dostoïevski et de Flaubert, parce que le sertão est le terrain de l’éternité, de la solitude, là où l’intérieur et l’extérieur ne peuvent plus être séparés», dit-il à un journaliste allemand. Et à sa traductrice américaine: «Dans mes livres, j’essaie, constamment, de choquer, d’«étranger» le lecteur, de l’empêcher de se reposer sur les béquilles des lieux communs…», pour qu’il affronte le texte «comme un animal vif et sauvage». La traduction restitue, autant que possible, le rythme brésilien «percussif», ses saccades, ses détours.
Rapport aux bêtes
Dans cette langue, Guimarães Rosa a exprimé ce que la vie a d’essentiel: l’amitié, le rapport aux bêtes et à la terre, le mal, la mort et la pulsion de vie. Le sertão, sec et hostile, parcouru de troupeaux en quête de points d’eau, est au cœur de presque toutes ces nouvelles. «Entredeux – avec Mariano le vacher» est un long parcours dans la région du Pantanal du Mato Grosso. Parce que «raconter c’est résister», le narrateur fait parler son ami Mariano, un professionnel «dense, présent, habité, bon-conducteur de sentiments, crépitant de chaleur humaine, maître de soi; et intelligent». Sa devise: «Ici, c’est le bétail qui élève les hommes». Il comprend le silence des bêtes, le taureau tigré «mort de tristesse», les «mugémissements» devant la grande soif et la chaleur. Beaucoup plus classique que «Mon oncle le jaguar», éclairée par l’affection du narrateur pour Mariano, cette traversée est d’une poésie et d’une tendresse de toute beauté.
Enigmatiques
Histoire de vachers, encore, que celle de «L’homme à la gâchette», où un troupeau de viande pourrie s’échange contre une épicerie tout aussi pourrie. Là, le narrateur, un villageois, voit son récit commenté par un homme de la ville. Certaines de ces nouvelles sont énigmatiques, drôles aussi – un mariage idéal qui rate («Le retable de Saint Jamais»), la mort burlesque d’un patriarche («Les chapeaux itinérants»). Un «citoyen», chargé de pacifier une zone où les chercheurs de diamants s’étripent paie de sa vie sa mission impossible («Le don des pierres brillantes»). Parce qu’ils n’ont pas cru le médecin, les proches d’un ouvrier agricole le laissent mourir d’une morsure de serpent: «Mauvaise bête» renvoie à l’expérience de l’auteur, à ses années de pratique. «L’histoire simple et exacte du petit âne du commandant» se passe en mer: ou comment l’animal sauva de la dépression un officier en crise de parano. C’est la nouvelle la plus charmante. «Pàramo» est la plus sombre; dans une ville des Andes, noire et froide, un homme affronte sa mort – «non pas la mort finale – équestre, faucheuse, osseuse, si ostentatoire. Mais l’autre, celle-là».
Isabelle Rüf – Le temps – Avril 2016
Neuf histoires de métamorphoses… Critique de «Mon oncle le jaguar & autres histoires».
«Une once est une once – on dirait un serpent… Elle se retourne dans tous les sens, vous avez l’impression qu’elle est nombreuse, qu’elle se change en plusieurs.»
Mon oncle le jaguar & autres histoires est un recueil posthume de João Guimarães Rosa composé de neuf histoires, même si celle mise en avant dans le titre est parue en 1961, du vivant de l’auteur mort en 1967 (une précédente traduction de ce seul texte a été publiée chez Albin Michel en 1998). Toutes, plus ou moins explicitement, racontent des transmutations, des métamorphoses. Un serpent change de peau, un homme voyage dans les deux sens entre la vie et la mort, un âne devient un animal marin et de la viande pourrie du tabac pourri et réciproquement. Mais aucune de ces évolutions, aucune de ces aventures n’a la stupéfiante brutalité du chasseur d’onces devenant peu à peu lui-même jaguar. C’est son monologue qu’écrit João Guimarães Rosa, l’Indien s’adressant à un autre homme dont la présence est perpétuellement tacite mais qui n’intervient jamais verbalement.
Le chasseur, le futur jaguar, a le monopole de la parole. Cela commence ainsi : «-Hum ? Eh-eh… Oui. ’Sieu oui. An-han, vous voulez entrer, vous pouvez entrer… Hum, hum. M’sieur savait que j’habite ici ? Comment qu’il savait ? Hum-hum… Eh. ’Sieu non, n’t, n’t… Vous avez que ce cheval-là ? Chi ! Un cheval boiteux, fourbu. Il sert plus à rien. Chiste… Mais oui. Hum, hum. Vous avez vu mon petit feu de loin ? Oui. Eh, donc. Entrez, vous pouvez vous mettre ici.» Et ça s’achève ainsi : «Voilà l’once ! Ouille, ouille, vous êtes bon, me faites pas ça, me tuez pas… Moi – Macouncôzo… Faites pas ça, faites pas ça… Gnegnegnem… Heeé !… / Hé… Aar-rran… Aaanh… M’avez arrhooué… Rémouaci… Réïoucaanacé… Araaan… Uhm… Aïe… Aïe… Ouh… ouh… éeéé… éé… é… é…» («Rémouaci» et «Réïoucaanacé» sont en outre suivis d’appel de notes renvoyant au glossaire où on tente de montrer de quels bagages sont faits ces éventuels mots-valises.) Il y a évidemment une virtuosité tout au long du texte – on n’a jamais lu ça !- mais on perdrait l’émotion à trop se focaliser sur l’incontestable tour de force. Le sertão, à part l’épisode marin, est le lieu de tous ces textes. «Ici, c’est le bétail qui élève les hommes…» dit «Mariano, le vacher» dans la nouvelle consacrée à l’entretien que l’auteur eut avec lui.
Citons, au fil des neuf textes, quelques phrases manifestant, via ses sertanejos le plus souvent narrateurs, le rapport de João Guimarães Rosa avec les mots, la grammaire et les émotions. «Ni même Dona Calu, qui gardait encore le silence, dans cette hésitation qu’ont les gens âgés à déclencher leur souffrance, s’arrêtant d’abord en eux-mêmes, et demeurant ainsi un moment, comme s’ils cherchaient dans leur intime quelque soutien, tout ancien réconfort ayant fait ses preuves.» «De là, de la désolation paramosienne [Paramo est le lieu où se déroule le texte auquel il donne son titre, ndlr], me viendrait la mort. Non pas la mort finale – équestre, faucheuse, osseuse, si ostentatoire. Mais l’autre, celle-là.» «Si j’ai eu peur ? On a de la peine pour son corps.» «Car les histoires n’émanent pas seulement du conteur : elles le font ; raconter, c’est résister.» «Aujourd’hui, je pense que l’art de vivre ne doit répondre qu’à la tactique ; toute stratégie, en ce qui concerne cette matière particulière, est coupable.» «J’ai vu, entendu, tout ce qu’il fallait conformément observer ; tout ce qui est survenu : j’ai été flagrant témoin…» «Ah, humble, je voulais toujours l’être, mais n’y parvenais jamais, quelque chose d’encore plus fin que l’air que l’on respire m’en empêchait ; quelque chose de profond en moi, pas moins.» «Comment l’aider ? Si seulement le crocodile pouvait lui-même se décrocodiler…» «Le monde ne change jamais, il ne fait qu’empirer d’heure en heure.» «Sait-on ce que, hormis le temps, les deux aiguilles d’une horloge tracent entre elles ?»
Mathieu Dosse, le traducteur, cite en postface une phrase de l’entretien de 1965 de João Guimarães Rosa avec Günter Lorenz : «On parle dans le sertão la langue de Goethe, de Dostoïevski et de Flaubert, parce que le sertão est le terrain de l’éternité, de la solitude, là où l’intérieur et l’extérieur ne peuvent plus être séparés.»
Mathieu Lindon – Libération – Mars 2016
Traduire Guimarães Rosa
Mathieu Dosse, qui a déjà traduit le très beau Vies arides de Graciliano Ramos (Chandeigne) et a reçu cet automne le Prix de la traduction d’Arles pour Mon oncle le jaguar et autres histoiresdonne à EaN un texte sur João Guimarães Rosa.
« Je veux tout : le mineiro, le brésilien, le portugais, le latin, peut-être même l’esquimau et le tatar. Je voudrais la langue qu’on parlait avant Babel », disait João Guimarães Rosa dans un entretien qu’il accorda au critique allemand Günter Lorenz. Ces quelques mots définissent les contours d’un projet littéraire unique dans la littérature brésilienne. La langue baroque créée par Guimarães Rosa regorge d’archaïsmes, de néologismes, de régionalismes, de mots érudits et de déplacements de sens (l’ampleur de cette exubérance verbale est attestée par un lexique de huit mille mots, dont près de trois mille néologismes, paru en 2001). Sa syntaxe, où l’ellipse et la syncope prédominent, fuit tous les stéréotypes ; s’inspirant de la langue parlée (et plus précisément de celle employée par les paysans du Minas Gerais), elle s’écarte résolument de tout réalisme et, s’imprégnant de mystère, ouvre des espaces nouveaux en langue portugaise.
L’importance du rythme, au sens fort du terme, est capitale chez Guimarães Rosa : de longues phrases sont ponctuées par l’irruption de mots très courts, presque des onomatopées, qui surgissent abruptement et les coupent comme autant de motifs percussifs ; d’autres phrases très saccadées, ponctuées de virgules, de points-virgules et de deux points cèdent soudain la place à de longs mots sonores. Les phrases-mots, les ellipses, les syncopes, les nombreuses parenthèses transforment plastiquement le discours. La difficulté à pénétrer un texte aussi dense est réelle. À ce propos, le traducteur norvégien Bård Kranstad rapporte une anecdote amusante : « Après la parution de Grande Sertão, certains des premiers lecteurs de Guimarães Rosa ont pu se trouver réconfortés grâce à une vignette du Jornal do Brasil. Le dessin représentait un lecteur brésilien irrité face à un traducteur. L’image était sous-titrée par le dialogue suivant : – Est-il vrai que vous pouvez traduire toutes les langues ? – Oui, c’est exact. Je traduis sans exception toutes les langues, les vivantes et les mortes. – Auriez-vous donc la gentillesse de me traduire João Guimarães Rosa ?! ».
Il faut ainsi, pour lire Guimarães Rosa, un certain temps d’habituation à cette nouvelle langue, temps pendant lequel le lecteur se familiarise avec les tournures nouvelles qu’il rencontre. Mais, passé ce temps d’accoutumance, le lecteur se surprend à lire les paragraphes sans temps morts, comme s’il avait effectivement appris une langue étrangère. Cet apprentissage, qui est aussi une découverte, comme le dit Clarice Lispector (l’autre grand auteur brésilien) à propos de l’écriture de Rosa, fait écho à un passage de la nouvelle « Campo Geral » qui ouvre le premier grand recueil de l’auteur, Corpo de Baile. Dans les tout derniers paragraphes, Miguilim, âgé de huit ans, et qui ne se savait pas myope, essaye pour la première fois une paire de lunettes, qu’un voyageur étranger au village portait sur lui. Il découvre alors le monde, le ciel, l’enclos, le jardin, le bétail, le vert des buritis (les palmiers du sertão, arbres emblématiques qui reviennent sans cesse dans l’œuvre de l’auteur) : « le Mutúm était beau ! Il le savait maintenant ». Nous pouvons lire dans ce passage une métaphore de son écriture, de l’effet qu’elle provoque sur le lecteur. Le traducteur néerlandais August Willemsen décrit précisément ce tournant : « Je me souviens que je m’étais débattu à travers les premières pages, progressant lentement, revenant en arrière pour ne pas perdre le fil. Et puis un jour, sans rien changer à ma pratique, tout me parut différent, plus éclatant. Je vis clair. Soudainement, le pouls du livre battait sous ma peau, et j’en voulais davantage, encore et encore, je lisais sans interruption, dans un état grandissant d’extase presque fiévreuse ».
Auteur de plusieurs nouvelles, Guimarães Rosa a écrit un seul roman, Grande Sertão : Veredas (Diadorim en traduction française), paru en 1956 et qui s’est imposé d’emblée comme un classique. Ce livre épais, aux paragraphes touffus, dépourvu de chapitres, est porté par le monologue de Riobaldo, ancien bandit reconverti en fermier. Son amour inavoué pour Diadorim, son compagnon d’armes, ainsi qu’un pacte, réel ou rêvé, avec le diable, constituent les points forts de l’intrigue. Mais, comme l’indique le titre original du livre, le véritable sujet du roman est le sertão. Cette zone géographique bien réelle du Brésil se transforme chez Guimarães Rosa en un lieu imaginaire, littéraire, habité par des personnages universaux, sous l’apparence du local : « le sertão est partout », dit Riobaldo dès le premier paragraphe de son récit. Le lecteur est ainsi convié à un voyage verbal captivant, porté par une langue inouïe : « On parle dans le sertão la langue de Goethe, de Dostoïevski et de Flaubert, parce que le sertão est le terrain de l’éternité, de la solitude, là où Inneres und Äußeres sind nicht mehr zu trennen (là où l’intérieur et l’extérieur ne peuvent plus être séparés) », dit encore Guimarães Rosa à Günter Lorenz.
La nouveauté de cette écriture a imposé aux traducteurs une tâche difficile. On ne cesse pourtant de traduire Grande Sertão : Veredas dans le monde : il existe à ce jour quinze traductions du roman, dans treize langues (la plus récente est une retraduction en langue espagnole, parue en Argentine en 2009, mais une retraduction en allemand est également en cours). Lorsqu’on compare ces traductions, toutes langues confondues, on s’étonne de leur diversité, comme si ces livres émanaient d’originaux différents. En anglais, en suédois et en français (dans la traduction de Jean-Jacques Villard, première traduction française du roman, parue en 1965), Riobaldo parle comme un véritable paysan, avec une pointe de vulgarité dans la voix. On n’y observe guère d’invention lexicale ou syntaxique, mais une reproduction plus ou moins fidèle d’un parler existant. Au contraire, les traductions néerlandaise, espagnole et norvégienne contiennent des néologismes, des inventions verbales et syntaxiques qui éloignent le texte de toute forme de reproduction. Ainsi, le Riobaldo norvégien s’exprime, si l’on en croit son traducteur, en « riobaldien », une langue inventée pour l’usage unique du roman : « J’avais besoin d’une langue mixte, avec des racines dans le langage parlé par les classes populaires. Une langue “terreuse”. Un mélange de nynorsk et de bokmål avec de forts éléments que je perçois comme assez dévalués aujourd’hui en Norvège. Une langue qui excède la grammaire commune et la norme orthographique, une langue qui reflète à la fois le peuple et l’élite, qui puisse rendre vivantes à la fois les descriptions minutieuses et l’introspection réflexive du ruminement. Comme Benoni ou August, chez Hamsun, Riobaldo aime décorer sa langue de mots empruntés ; c’est une langue pleine de contradictions et de méprises, et qui a la capacité de refléter tous les états d’esprit et les conditions réelles de la vie de Riobaldo ».
Il s’agit moins de dire ici que ces dernières traductions sont meilleures que les premières citées, que de prendre acte d’une telle différence. Sans doute les grands chefs-d’œuvre que l’on qualifie d’« intraduisibles » sont-ils voués, au contraire, à être sans cesse traduits et retraduits, comme si une traduction ne pouvait à elle seule épuiser l’œuvre originale. C’est ainsi que le sertão de Guimarães Rosa vit en tchèque, en danois, en italien… sans cesse renouvelé, différent à chaque fois, comme les branches d’un seul et même buriti.
Mathieu Dosse – En attendant Nadeau – Décembre 2016