Que faire des pierres que l’on nous jette ? Ne pas les renvoyer à l’expéditeur mais … jouer avec, les utiliser pour se construire une maison, ne pas se concentrer sur l’agresseur mais regarder ailleurs, observer ce qui nous entoure.

Cet album constitue une petite leçon de philosophie qui s’adresse à tous tant il répond de façon imagée à la question de la relation à l’autre qui parfois peut être vécue sur le mode de l’agression. Ce livre sans texte y répond de façon poétique et constructive au sens propre et figuré. Un petit bijou conçu par une jeune auteure seine-et-marnaise.

Octobre 2019 – Bébébutine

 

L’interview du mercredi : Eléa Dos Santos

Parlez-nous du magnifique « Les cailloux », comment est née cette histoire ?
L’histoire des Cailloux est une combinaison de deux habitudes que j’ai depuis longtemps, à savoir travailler la roche en dessin et raconter une histoire courte et simple avec des petits bonshommes. L’histoire quant à elle est un mélange de souvenirs, d’altercations dans les cours de récréation, de témoignages ou d’articles de journaux, le thème brasse très large. J’avais déjà travaillé sur l’altérité et le rejet pendant mes études, le scénario s’est donc mis en place tout seul. Cela dit j’ai eu plus de mal à préciser le dénouement, l’idée du pardon ne m’est pas venue tout de suite je suis bien plus pessimiste que mes personnages !

Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
J’ai grandi à l’orée de la forêt de Fontainebleau, c’est un détail mais il explique en grande partie mes bonshommes timides et la présence de rochers et d’arbres comme seuls éléments de décor dans mes illustrations. J’ai fait deux années aux Beaux arts de Versailles qui m’ont formée aux techniques traditionnelles de dessin et de peinture, et j’ai fini mon cursus à L’École Supérieure d’Arts et de Design d’Orléans pour initialement devenir graphiste. J’allie depuis mon diplôme, des emplois à temps partiel et mon travail de dessin en atelier.

Quelles techniques d’illustrations utilisez-vous ?
J’ai toujours travaillé à la main, et je suis devenue très routinière après avoir trouvé mon univers. J’utilise de la pierre noire pour le noir et blanc et de la gouache pour la couleur. Je me suis permis une excentricité l’année dernière en travaillant sur un projet aux crayons de couleur, ça ne se reproduira plus !

On trouve sur votre site de magnifiques illustrations, est-ce que ce sont des débuts d’histoires ?
Mes séries de dessins sont assemblées par thème, quand j’ai une idée je fais toujours en sorte d’en sortir 3 images pour dire la même chose de 3 manières différentes, c’est une manière de symboliser et synthétiser mon propos. Ils sont la plupart du temps destinés à être autonomes et ne restent qu’un pur travail de dessin, ce sont des formats assez grands (50x65cm) ils me servent aussi de références comme palette de couleurs quand je cherche des nuances pour une histoire.

Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?
Je travaille sur deux éditions, l’une sera un livre textile pour les petits imprimé en sérigraphie, et l’autre sera assez proche des Cailloux, avec des décors bien plus fournis, et beaucoup de végétaux !

Gabriel – La mare aux mots – janvier 2019

 

Il arrive près d’un groupe, ils le regardent. Il tente un salut, ils ne bougent pas. Soudain, ils sont debout, et les voilà qui lui jettent des pierres. Que faire ? Il se baisse et les ramasse et commence à les disposer…

Les cailloux est un album sans texte extrêmement fort. Ici, on rencontre donc un personnage qui va se construire une maison avec les cailloux que lui jettent des hommes qui sont d’une autre couleur que lui. L’une des forces de l’album c’est l’absence de texte, chacun·e sera libre de son interprétation sur ce qu’il se passe. Le livre est très beau avec son papier épais et sa couverture non vernie, de quoi mettre en valeur les illustrations épurées et très graphiques d’Elea Dos Santos.

Coup de cœur pour cet album sans texte qui nous parle du rejet et de ce qu’on en fait.

Gabriel – La mare aux mots – Novembre 2018

Cet album très coloré raconte (mais sans mots) l’histoire touchante d’un petit être en mal d’amis qui tente maladroitement de créer des liens. Au début de l’histoire, le protagoniste est seul mais au fur et à mesure de ses rencontres, la situation va évoluer…

Eléa Dos Santos nous offre une oeuvre dépouillée car il n’y aucun décor mais le visuel n’en est pas moins intense et la découverte est loin d’être ennuyeuse. En effet, grâce à des tons très colorés, ces personnages attirent le regard et l’on est curieux de savoir comment cela va se terminer. Malgré l’hostilité qu’éprouvent les autres personnages à son encontre, le petit homme violet est persévérant. Il a beaucoup de qualités et ces dernières seront une véritable force dans son apprentissage de la vie en société. Car comment entrer en relation et se faire aimer quand on est différent? Telle est la question que se pose notre petit homme et il finira par trouver la réponse.

C’est la première fois que je parcours un album composé uniquement d’illustrations et je dois dire que cela m’a convaincu car le message passe très bien sans que l’on doive mettre obligatoirement des mots. Une belle découverte donc que je vous recommande.

Mélissande – Délivrer des livres – Novembre 2018

Pas de texte dans ce petit livre aux dessins primitifs. Que nous racontent-ils ? À la première lecture, l’histoire est simple : un individu tente de rejoindre un groupe qui le rejette en lançant des cailloux. Qu’à cela ne tienne, l’individu utilise cette matière première pour construire une maison. Un autre individu vient l’aider. De l’autre côté, le groupe se lasse. Il ne reste plus que le meneur… invité à rentrer dans la demeure.

Mais l’histoire graphique est forte. Car, mine de rien, les dessins s’impriment dans la tête, font réfléchir et donnent envie d’y revenir pour multiplier les lectures : celle de la cour de l’école (le harcèlement scolaire), celle en lien avec l’actualité (le rejet des migrants), celle du racisme (la couleur de l’individu), celle du vivre ensemble (surmonter ses peurs) ou pour les plus grands, une lecture davantage psychologique (la construction de soi). Rejet, hostilité, agressivité, accueil, solidarité, altérité… Un album sans texte mais pas sans paroles car ce petit livre donne envie de parler.

Anne-Flore Hervé – Livresse – Novembre 2018

Eléa Dos Santos reçu par Marlène Alves Pereira en direct de l’émission Lusitania le samedi 3 novembre 2018.

Pour écouter le podcast veuillez cliquer ici !

Une silhouette violette s’approche. Homme ou femme, on ne sait pas. Elle regarde au loin trois autres silhouettes rouge orangé, visiblement oisives dans un paysage minimal. Cet équilibre paisible est rompu quand les trois personnages associés saisissent des cailloux. Les projectiles s’envolent vers le solitaire qui les reçoit, interloqué.

C’est alors qu’il s’agenouille, ramasse les cailloux et délimite un carré au sol. Petit à petit, pierre après pierre, le héros construit un mur, puis deux, trois, quatre avec une entrée et s’élève alors une ébauche de maison. Dans cette tâche patiente, il est rejoint par un oiseau annonciateur d’une autre présence à ses côtés. A eux deux, plus forts, ils découragent les opposants. L’hostilité régresse : d’abord trois opposants, puis deux, puis un seul. Les pierres restantes dessinent un chemin, le dernier antagoniste va-t-il se joindre aux bâtisseurs ?

Cette histoire sans texte compose une fable morale. L’adversité recule face à la bonne volonté, la coopération permet de survivre et même de sortir plus fort des épreuves. Dans sa simplicité graphique et narrative, Eléa Dos Santos signe un livre efficace et optimiste.

Danielle Bertrand – Ricochet – Novembre 2018

Les cailloux est le titre d’un petit album carré, sans texte, sur le thème de la différence.

Un petit bonhomme violet rencontre un groupe de personnages rouges. Il essaie d’entrer en contact avec eux mais en vain.
Le groupe lui lance des cailloux, alors le petit bonhomme violet se saisit des pierres pour se construire un abri. Un oiseau va venir se poser sur le petit bonhomme et lui apporter son soutien ainsi qu’un personnage rose. Certains des personnages rouges se lassent et s’en vont. Il n’en reste plus qu’un seul. Alors, le petit bonhomme violet dessine un chemin avec les cailloux, qui part de la cabane jusqu’à lui, afin de l’inviter à venir se joindre à eux, sans rien imposer.

J’ai trouvé cet album fantastique car l’auteure, avec une économie de moyen, sans utiliser de texte et avec un dessin très simple et d’une grande sobriété, réussit à susciter beaucoup d’émotions. J’ai eu le cœur serré pour ce petit bonhomme violet qui souhaite entrer en relation avec les autres. Comment se construire quand on est différent et rejeté des autres ? J’ai trouvé très intéressant la symbolique de la maison.

C’est un album très enrichissant qui permet d’échanger avec les jeunes enfants sur ce qu’ils comprennent des images, d’autant que l’auteure n’impose pas de texte. C’est un magnifique support pour évoquer des notions comme la tolérance, l’altruisme, l’altérité ou encore l’empathie.

C’est un beau message que délivre ce livre sur des thèmes qui me tiennent à cœur : l’accueil de la différence, l’acceptation de l’autre car chaque personne que l’on rencontre nous apporte et nous enrichit. J’ai trouvé cet album très bien construit, il interpelle le lecteur et le fait réagir sur un sujet traité avec beaucoup de sensibilité.

Margot Cotrez – Lecteurs.com – Novembre 2019