On trouve de toute dans les jardins, des souvenirs d’ailleurs et des envies d’ici – et parfois, sous un pissenlit, un éléphant rose. 

Ils sont deux et ils sont bleus. Les protagonistes de cet album sans texte apparaissent comme des silhouettes uniformes que seuls leurs yeux animent. Assis par terre, avec pour décor (pour pays?) deux cailloux et un maigre rameau, voilà qu’ils échangent un regard et une résolution : partir. Ils vont traverser des lieux aux plantes fantasmagoriques, aux bêtes câlines, aux habitants parfois amicaux, parfois hostiles.

Mais il semblerait qu’on ne sorte pas indemne d’un tel périple, car de retour chez lui, le duo s’aperçoit qu’il lui pousse des formes et des couleurs, souvenirs et traces des lieux parcourus, autant de graines qui ne demandent qu’à prendre racine. 

Tout comme dans son premier livre, Les cailloux, paru il y a deux ans chez le même éditeur, Eléa Dos Santos propose une fable philosophique sur la bienveillance et la différence. Les autres. Les ailleurs. Sur l’imagination, aussi, et les belles nourritures terrestres qui l’alimentent. 

Ce jardin qui donne son titre au livre se révélera résolument disparate, bigarré, fort des expériences vécues. Il sera aussi accueillant, avec ses teintes franches et ses formes folles. Là est le principal enseignement de ce qui fut un voyage, un exil, une migration – il revient à chacun de lui donner le nom qu’il souhaite. 

Sylvie Neeman – Le Temps – Mai 2020

 

 

 

Deux personnages sont assis sur le sol. Devant eux deux galets et une plante qui semble déjà morte. Les voilà qui se lèvent et s’en vont, là-bas c’est déjà plus vert et en marchant plus loin voici d’autres plantes, et même des animaux…

Quel bonheur que de retrouver Eléa Dos Santos que l’on avait découvert avec le merveilleux Les cailloux. Elle revient avec un album dans le même esprit que le précédent, là encore sans texte. Il est toujours difficile de raconter des albums sans texte, et surtout raconter cet album dont la chute dit tout… Alors je ne vous le dirai pas, mais sachez qu’il est question de tout ce que l’on ramène de là où l’on va, de comment l’ailleurs rend notre monde plus riche… enfin d’après moi, car la force d’un album comme Le jardin c’est que chacun(e) pourra y voir des histoires différentes, mais beaucoup s’accorderont sur une chose ; les illustrations d’Eléa Dos Santos sont magnifiques et son univers vraiment intéressant.

Gabriel Lucas – La mare aux mots – Mars 2020