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« La flèche et la bêche. Une histoire recomposée de la Guyane »
“Des colonies de roseaux au bord des marécages…” : cela commence comme um poème, nous emmène à la rencontre de l’histoire autochtone de Guyane, emprunte de tradition orale. Il s’agit ici, en effet, de redonner la parole aux populations natives toujours présentes sur ce territoire : six groupes amérindiens, parmi lesquels les Palikur. Implantés jusqu’au Brésil frontalier, ils comptent aujourd’hui 2500 personnes, dont l’histoire, ces 500 dernières années s’inscrit dans la colonisation de l’Amazonie par les Européens. Nombreux sont ceux qui furent anéantis par les maladies importées, et des survivants l’histoire officielle ne dit rien, gommant “leur souvenir, leur identité et leur rôle d’acteurs […] dans la constitution des pays d’Amérique…”. L’installation des Palikur sur la côte atlantique est datée aux environs du IIIe siècle de notre ère. L’archéologie révèle la complexité d’aménagements permettant l’exploitation ingénieuse d’un contexte pouvant paraître peu avenant, entre terre et mer. Mais les relations occidentales préfèrent des caractéristiques plus exotiques. Aussi le recours à la mémoire vivante du récit autochtone ouvre-t-il de nouvelles perspectives, vers une histoire commune.
Pascale Binant – Dossiers d’Archéologie n° 427