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Chair à canon, non
Exils. Témoignages d’exilés et de déserteurs portugais
C’est toujours la même chose. Officiellement, le Portugal n’est pas en guerre : il s’agit juste d’une opération de maintien de l’ordre. Nous sommes en 1961. Le tyran Salazar lance l’offensive sur l’Angola, cette colonie qui fait partie de l’Empire et a des velléités d’indépendance. Des milliers de jeunes hommes sont envoyés au front. La Guinée-Bissau et le Mozambique se soulèvent à leur tour.
C’est une hécatombe. L’armée a sans cesse besoin de chair à canon. Toute une génération cherche à sauver sa peau. Au moins 8000 soldats désertent. Plus de 200 000 jeunes font le salto : ils quittent leur pays. Beaucoup vont en France – même si elle ne leur offre pas le statut de réfugié. Beaucoup en Suède – qui, elle, le leur accorde.
Ce livre recueille 13 témoignages bruts de fonderie. Les frontières à franchir, les passeurs. La peur du régime policier, des terribles conséquences en cas d’échec (que les déserteurs s’apprêtent à “préparer la corde avec laquelle ils devront se pendre”, menace le régime). Se retrouver sans passeport ni carte de séjour, ne pas parler la langue. La vie bouleversée à jamais. L’idée fixe, retourner au pays. La dictature de Salazar qui s’éternise – elle fut la plus longue dans l’Europe du XXe siècle, 1933-1974. Mais aussi : les femmes qui suivent dans l’exil le mari ou le fiancé ; le miracle de la solidarité entre Portugais exilés, des “comités de déserteurs”, du rapprochement avec les autres immigrés (par exemple, à Grenoble, la création de l’Office dauphinois des travailleurs immigrés, l’ODTI). Et le retour joyeux au pays lorsque, stupeur, éclate en 1974 la révolution des Œillets.
Un demi-siècle plus tard, le souvenir est toujours vif : “Aucun de nous, exilés au temps de la dictature, ne peut avoir oublié ce qu’une main tendue représentait, un pays qui nous accueillait. Nous sommes partis sans la certitude du retour ni du quand ni du comment. Nous avons survécu en rêvant d’un pays où nous espérions retourner. Et nous sommes retournés dans un pays que nous avons aidé de près et de loin à renaître. Et nous avons participé et nous avons reconstruit et nous avons cru. Pour que notre exil n’ait pas été inutile. Il ne l’a pas été.”
Jean-Luc Porquet – Le Canard enchaîné – Juin 2022
L’exil pas la guerre
Entre 1961 et 1974, à contretemps de l’histoire, la dictature portugaise mena en Angola une interminable guerre coloniale pour empêcher l’indépendance du pays, y envoyant des dizaines de milliers de conscrits. Du moins, ceux qui ne désertèrent pas. Car, plutôt que de risquer leur vie à combattre un peuple en lutte pour sa liberté, nombre de jeunes gens choisirent de passe a salto, faisant le « saut » clandestin de la frontière vers l’Espagne, avant de rejoindre tant bien que mal Paris, Marseille, Grenoble, mais aussi Copenhague ou Alger.
Treize de ces exils sont racontés à la première personne et pour la première fois traduits dans un volume qui en restitue parfaitement les angoisses et les enthousiasmes. Ils n’édulcorent rien des difficultés rencontrées, avant comme après le départ : la recherche de faux papiers et de passeurs; l’angoisse d’être repérés ou dénoncés; l’arrivée, sans un sou en poche, dans un pays dont on ne parle pas la langue; la place subordonnée des femmes suivant leur compagnon sur les routes de l’émigration … Ces textes aussi riches que disparates saisissent par l’espoir qui s’en dégage encore, cinquante après, et par la fraternité entre exilés qui fut une clé de ces expériences, pour partager les vivres et les logements exigus, les discussions anticolonialistes et l’attente de la révolution.
André Loez – Le Monde – Avril 2022
Fuir la guerre
Entre 1961 et 1973, 200 000 jeunes auraient fui le Portugal en raison de la conscription vers les colonies, prenant le chemin de l’exil.
On connaît la forte émigration portugaise des années 1960 à la révolution de 1974, attribuable à la dictature de Salazar et aux difficultés économiques qui ont fait rechercher à des centaines de milliers de Portugais un avenir meilleur ailleurs, principalement en France et en Europe du Nord. Méconnue en est une autre de la même période, d’une population jeune refusant les guerres coloniales dans lesquelles le Portugal était engagé. La désertion et le refus de la conscription auraient provoqué la fuite de 200 000 jeunes entre 1961 et 1973, avance l’étude de l’historien Victor Pereira, spécialiste des migrations portugaises, qui a réuni treize témoignages de déserteurs ou de leur entourage.
Ces textes rappellent les impasses d’un régime « embourbé » dans l’affrontement aux mouvements indépendantistes dans ses colonies africaines – Guinée-Bissau, Angola, Mozambique. Ces récits personnels décrivent le parfois rocambolesque passage de frontière et l’itinérance qui s’ensuit. Ainsi celui de Vasco Martins, parti « faire un tour » avec son petit sac à dos dans un camion de livraison vers l’Italie. « Arrivée au petit matin à Irun et le 1er juillet 1961 à Hendaye, un coup de tampon sur le passeport, le camion bifurque – Au revoir et bonne chance ! » Projets de rejoindre des chantiers en Alsace ou en Lozère, opportunités de manutentions aux Halles de Paris, de lavages de voitures à Pantin… Il découvrira une communauté portugaise avec qui échanger et réfléchir, leurs enjeux politiques rejoignant ceux d’autres réfugiés, en pleine fin de guerre d’Algérie et activisme de l’OAS. Outre la solidarité entre exilés, se constituent dans chaque pays des comités de déserteurs, qui jouent un rôle dans l’accueil puis dans la vie quotidienne : « Ils soutenaient, guidaient, ne laissaient jamais une personne livrée à son désespoir. Ils organisaient des fêtes, célébraient les dates les plus évocatrices pour un exilé », raconte Carlos Brazao Dinis.
L’effervescence et la résistance sont aussi intellectuelles et poétiques, mais la vie parisienne pas si douce, émaillée d’altercations sur fond d’« antipathie des Parisiens envers les étrangers ”pauvres” », se souvient Ana Rita Gandara Gonçalves de ses années 1963-1965. Et ce d’autant qu’alors « les autorités françaises ne reconnaissent pas le statut de réfugié à ceux qui se soustraient à leurs obligations militaires et laissent dans une situation de vulnérabilité légale ces jeunes hommes », explique Victor Pereira. Les femmes, non soumises à la conscription, partent aussi, suivant leur fiancé ou refusant les choix de leurs dirigeants.
Ce sont des vies, à la fois uniques et semblables, comme celles de tant d’autres ayant fait le choix de l’exil dans des contextes politiques ou belliqueux, jusqu’à aujourd’hui, la désertion constituant alors le ressort particulier d’un mouvement plus large de revendications antifascistes.« Il ne s’agissait pas seulement des colonies portugaises, se souvient Ana Benavente. Un vent de luttes s’était levé pour la liberté et contre les dictatures. » Cette chercheuse en sciences de l’éducation à l’université de Genève insiste sur l’importance du travail mémoriel et les enseignements pour notre présent : « L’exil est toujours douloureux. Un choix difficile, une imposition de conscience et une lutte pour la liberté, pour la dignité et pour la vie. »
Sabine Audrerie – La Croix – Mars 2022
Alexandra Vieira reçoit Victor Pereira, auteur de la préface du livre Exils, témoignages d’exilés et de déserteurs portugais dans l’émission Lusitania du 2 avril 2022 sur Radio Aligre.
Le podcast est à écouter ici :
« Exils », un livre sur les exilés et déserteurs portugais
Raconter l’acte de l’exil, plusieurs décennies plus tard, c’est un exercice pour la mémoire, sur ce qu’on a retenu et surtout le récit de ce qu’il a laissé comme trace. C’est à cela que nous sommes conviés avec le livre « Exils, témoignages d’exilés et de déserteurs portugais 1961-1974 », mettre des mots sur l’acte de résistance et de refus de la guerre coloniale.
Dans les années 60/70, la France a été le premier pays d’accueil d’une main d’œuvre apte pour le travail, sans trop d’aspérités culturelles ni religieuses… C’étaient des Portugais, venus de l’autre côté des Pyrénées qui fuyaient la misère, mais aussi la dictature alors la plus ancienne en Europe occidentale.
Régime qui menait aussi une guerre en Afrique dans ses provinces d’outre-mer, le pouvoir interdisait qu’on les appelle colonies. Plus d’un million de migrants Portugais, et on disait (très approximativement) que Paris était, à ce moment là, la deuxième ville du Portugal…
Parmi cet important mouvement de population il y avait de nombreux jeunes hommes en âge d’accomplir leur service militaire obligatoire. Il s’agissait pour la plupart de réfractaires qui refusaient de partir en Afrique sur le champ de bataille.
Depuis 1961 le Portugal de Salazar était confronté à une lutte pour l’indépendance en Angola, ensuite la Guinée-Bissau et le Mozambique, …
Déserter de l’armée coloniale
On compte environ 200.000 insoumis, réfractaires ou déserteurs. Environ 20 % ‘‘des potentielles recrues échappant à leurs devoirs militaires qui ont ainsi refusé de participer à cette guerre’’, comme le souligne Victor Pereira dans la préface du livre.
Historien, Victor Pereira situe bien le contexte de cette ‘‘aventure humaine’’, les conditions de vie pendant la dictature au Portugal et le mouvement déclenché par cet exode et l’installation à l’étranger d’une population traversant les Pyrénées.
À travers des témoignages et des récits on apprend comment s’est préparé, individuellement et parfois collectivement, la décision de partir, le parcours, le plus souvent clandestin, à pied, l’arrivée dans un quelque part inconnu, l’installation et surtout comment garder, maintenir le lien avec le pays et, pour la plupart, poursuivre l’engagement politique et les raisons qui les ont fait partir.
Il s’agit ici de témoignages de jeunes qui affirmaient par leurs actes et par leur militance le refus de la guerre. Dans ce sens le livre nous ouvre aussi aux questions posées alors par le processus de décolonisation vu sous le régime de Salazar.
D’où un des aspects importants développés dans ‘‘Exils’’ qui est l’acte de déserter, c’est à dire le départ de ceux qui étaient déjà enrôlés dans l’armée. Sans doute le plus dangereux car, si tous les jeunes hommes risquaient plus ou moins la police portugaise ou la Guardia Civil en Espagne, un déserteur serait à ce moment là considéré un ‘‘traître’’ à la patrie, voir un dangereux opposant, arrêté et lourdement condamné.
La question de la désertion dans une armée en guerre est rarement abordée. En France il y aurait eu entre 3 000 à 4 000 réfractaires français pendant la guerre d’Algérie, dont 886 déserteurs (les soldats ayant quitté illégalement leur unité). La guerre du Vietnam a vu aussi un certain nombre de soldats américains déserteurs.
Pour les Portugais, en France notamment mais aussi en Suède, en Belgique, au Danemark ou à Alger des comités d’aide et de soutien ont été crées par des citoyens solidaires dans ces pays, mais aussi par des migrants portugais plus engagés et politisés. En France, déjà à l’époque, la Cimade a joué un rôle important aidant la régularisation administrative (qui passait par l’obtention d’une carte de travail) de beaucoup de Portugais exilés politiques ou réfractaires et déserteurs.
C’est dans ce contexte que le recueil de témoignages ‘‘Exils’’ s’inscrit dans le cadre politique européen d’il y a environ cinquante ans mais qui dit beaucoup sur la solidarité, et l’engagement politique qui rassemblait des militants français et autres en soutien aux militants anti-fasciste portugais.
La révolution des œillets… et des capitaines
La préface évoque la question de la singularité de ce mouvement et l’essence même de la révolution des œillets, la révolution des capitaines. ‘‘[…]La révolution qui trouve son origine dans l’insatisfaction de nombreux militaires confrontés à une guerre qu’ils savent ne pas pouvoir gagner – le refus de la guerre coloniale n’est toujours pas consensuel au Portugal. Pour la dictature, ceux qui partent pour échapper au service militaire sont des traîtres à la patrie. Mais du côté de l’opposition, quitter le Portugal c’est aussi trahir le combat antifasciste.’’, écrit Victor Pereira. C’est une référence, en quelque sorte, aux multiples lettres de protestation, envoyées par des lecteurs au journal Público, à Lisbonne, suite à la publication d’un entretien avec un ancien militaire qui affirmait ‘‘J’ai été déserteur et j’en suis fier’’ (2016).
Le livre ouvre, comme une réponse à ces critiques, sur un texte de Jorge Valadas, ayant déserté de l’armée portugaise en 1967 pour se réfugier à Paris. Il s’invite d’une certaine façon à la mémoire de ceux qui n’ont pas refusé la guerre, sous la forme d’une ‘‘lettre à mon voisin qui a fait la guerre coloniale’’, comme un écho actualisé des déserteurs portugais, sujet toujours tabou presque cinquante ans après le 25 avril 1974.
Décrivant avec pertinence l’évolution historique et sociale de cette période de l’Histoire portugaise, Victor Pereira rappelle ‘‘que plus de 80 % des jeunes Portugais ont rejoint l’armée et sont partis se battre en Afrique’’. Par une question, il nous convie à la réflexion sur les contours (et sans doute nombre de contradictions qui sous-tendent cette révolution…) ‘‘Comment remettre en cause l’armée portugaise, cette armée qui a libéré les Portugais de la dictature le 25 avril 1974 et dont plusieurs représentants ont incarné l’aile la plus radicale lors de la révolution politique, économique, sociale et culturelle qui s’est déployée de 1974 à 1975 ?’’
Ce livre contribue par sa diversité et sa qualité, et par toutes ces approches, à la transmission nécessaire où les témoignages, les récits, nous apprennent l’Exil et nous aident à comprendre l’histoire.
Et il est toujours important pour garder les mémoires vives de notre histoire de faire connaître, de donner à entendre, de transmettre ce qui fait que nous sommes là, collectivement, où nous en sommes. Ce volume est ainsi le partage de nos divers chemins et nous alerte sur les exils d’aujourd’hui, au fond pas différents de ceux d’hier.
Arthur Porto – Le Club de Mediapart – Juin 2022
Portugal 1960-1974 : fuir la misère, la dictature et les guerres coloniales
Entre 1957 et 1974, le Portugal se vide de ses habitants : plus d’un million et demi d’entre eux émigrent pour fuir la misère, la dictature de Salazar et les guerres coloniales à partir de 1961. Plusieurs centaines de milliers de Portugais partent pour la France, en quête d’une vie meilleure. D’abord au début des années 1960, « a salto », littéralement en faisant le saut, de façon clandestine. Ils arrivent sans papiers et viennent grossir les bidonvilles boueux où s’entasse la main d’œuvre bon marché des Trente Glorieuses qui reconstruira le pays.
Le réalisateur José Vieira raconte leurs histoires de vie, de labeur et de sacrifice, à travers de nombreux documentaires dont « Nous sommes venus », dans lequel l’émigration qu’il a lui-même vécue avec ses parents en 1965, fait écho à celle que vivent aujourd’hui dramatiquement des milliers d’Africains sub-sahariens qui traversent les frontières vers l’Europe, eux aussi dans la souffrance et en quête d’un avenir.
Pour écouter l’émission “La Marche du Monde” (6 mai 2022) par Véronique Gaymard sur RFI, veuillez cliquer ici !
Les participants :
– José Vieira, réalisateur de nombreux documentaires sur les migrations, et témoignages extraits de ses documentaires: Les gens du Salto – « La photo déchirée » et « Seixas » (2001) ; « Nous sommes venus » (2021).
– Victor Pereira, historien, actuellement à l’Institut d’histoire contemporaine de l’Université de Lisbonne
– Hugo Dos Santos, réalisateur et membre de l’association Mémoires Vives / Memórias Vivas (Extrait de son documentaire « Transit »)
– Fernando Cardoso et Antonio Barbosa Topa, exilés déserteurs des guerres coloniales portugaises, qui témoignent dans le livre « Exils » paru aux éditions Chandeigne (février 2022)
– Isabelle Ferreira, artiste, expose à la Galerie Maubert à Paris ses travaux à partir de « La photo déchirée », intitulés « 9 jours et une nuit ».
Archives INA.
D’émouvants parcours d’exilés portugais
Avec « Exils », les éditions Chandeigne compilent les témoignages d’une douzaine d’exilés portugais dans les années 60, fuyant Salazar et la guerre en Angola.
Ce sont des parcours à la fois banals et extraordinaires. Banals car ils furent des centaines de milliers à partir du Portugal dans les années 60 et 70, fuyant la dictature de Salazar, et les guerres coloniales qu’il menait en Angola ou au Mozambique.
Extraordinaires aussi car ils racontent l’espoir et le désespoir de jeunes gens prêts à tout quitter pour partir vers le nord, la France pour beaucoup, mais aussi la Belgique, la Suède parfois, et dans de plus rares cas l’Algérie.
« Exils », vient replacer la mémoire de ces Portugais qui ont quitté leur pays dans ces années 1960. Les récits à la première personne viennent dire une mémoire qui n’a pas toujours été transmise. Comme le note l’historien palois Victor Pereira, qui a longtemps enseigné à l’UPPA et s’attaque à un travail de recherche pour l’Université nouvelle de Lisbonne, peu ont parlé, d’abord parce que fuir la guerre et son pays n’est pas toujours un objet de vantardise… Ils avaient des raisons pourtant, de refuser des guerres coloniales déjà d’un autre âge, et une dictature dont s’accommodaient pourtant ses voisins européens…
Avant l’immigration économique, il y a dont eu cette fuite de nombreux jeunes hommes qui partiront pour éviter le service militaire de 4 ans. Pour se rendre compte de ces départs massifs, Victor Pereira rappelle qu’en 1972, alors que le ministre de l’Intérieur Gonçalves Rapazote « enjoint les déserteurs à se suicider, 20 % des potentielles recrues échappent à leurs devoirs militaires » et s’exilent. La France les accueillera bon an mal an, et ils connurent à l’arrivée, pour certains, la solidarité des comités de déserteurs, la solidarité de la Cimade, et surtout toutes les douleurs de l’exil. Beaucoup passèrent par Hendaye et ne revinrent plus tard que pour les vacances, même après la Révolution des oeillets.
Jean-Phillipe Gionnet – La République des Pyrénées – Juin 2022
Dans Exils, 13 Portugais qui ont fui la dictature de Salazar dans les années 60 et 70 racontent leur exil. L’historien palois Victor Pereira éclaire cette migration massive qui ne devait pas tout à l’économie.
C’est un livre rare, sincère, et qui vient éclairer un phénomène encore méconnu en France. Dans les années 1960 et 70, de nombreux jeunes Portugais ont fui leur pays, la dictature de Salazar, mais aussi le service militaire de 4 ans où les soldats devaient défendre les colonies d’Angola ou du Mozambique.
A travers « Exils » l’histoire de l’immigration portugaise en France, et notamment en Béarn, mais aussi ailleurs, en Belgique, en Suède ou encore en Algérie, rappelle combien des motifs politiques ont aussi poussé une génération de jeunes hommes à fuir leur pays. Ancien maître de conférences à l’Université de Pau, désormais chercheur à l’Institut d’histoire contemporaine de l’Université nouvelle de Lisbonne, Victor Pereira, qui a signé la préface de l’ouvrage, éclaire une époque de son contexte.