En 1543, les Portugais sont les premiers Européens à découvrir le Japon, où ils nouent aussitôt des liens commerciaux. François Xavier y implante dès 1549 une mission jésuite. En 1597 commencent les premières persécutions. Le « siècle chrétien» s’achève dans les année 1640 1650 : le pays se referme alors sur lui-même, et interdit son territoire à toute présence étranger jusqu’en 1853.

Le père Luís Fróis, s. j. (1532-1597), qui résida plus de trente ans dans l’archipel nippon, fait en 1585 une description comparative des moeurs japonaises et européennes. Série d’instantanés ethnologiques qui décrivent avec brio et humour les principaux aspects de la vie quotidienne, c’est aussi un exercice littéraire d’une grande modernité – qui n’est pas sans évoquer Georges Perec – où se développe un discours imprévu sur nous et les autres, tout au long de notations assemblées en chapitres sur les hommes, les femmes, les chevaux, les enfants, la religion, les armes, les maladies, la musique, les navires, etc.

Le manuscrit de ce texte singulier, un petit volume composé de 40 feuilles de papier japonais au format 16 x 22 cm n’avait été retrouvé qu’en 1946 par Josef Franz Schütte aux archives de Madrid. La collection Magellane, en 1993, en a fait paraître la traduction française, signée Xavier de Castro, accompagnée d’un appareil critique très fourni (première édition dans un pays européen). Nous avons repris cette traduction, révisée, en un format de poche accessible à un plus large public, et avec une préface que Claude Lévi-Strauss a rédigée en 2003 – mais dépouillée de son appareil critique. Les notes ont été réduites à l’essentiel.

Geoffrey Maréchal – Les clionautes – juillet 2017