On se souvient de la belle publication de 2016, reprise ici en petit format, charmant et très pratique. Quarante contes très divers, de longueurs variables, que nous connaissons souvent mais que nous trouvons ici dans des variantes très souvent intéressantes, inattendues et souvent loin d’être douces ! Le choix et la traduction de Bernard Tissier sont remarquables. La douceur du trait et des couleurs de l’illustration de Philippe Dumas ne l’empêche pas de traduire, quand c’est nécessaire, le tragique et la force du conte populaire. Pour ce faire, il est allé au Portugal découvrir les traces d’une culture ancienne. La lecture à haute voix de ces textes et la découverte à plusieurs de ces images sera une grande source de bonheur. 

Evelyne Cévin – La revue des livres pour enfants – Avril 2020

 

À travers les contes, c’est un peu l’âme d’un pays qui se révèle. Cette anthologie n’y déroge pas et c’est toute la tradition populaire portugaise qui surgit de ces quarante contes des villes et des champs.
L’imaginaire se mêle au vraisemblable dans le but de distraire et d’instruire par le rire ou le frisson…
Si les thémathiques sont parfois communes à d’autres contes d’Europe ou d’ailleurs, les variantes introduites invitent à une relecture de ce patrimoine universel de l’oralité.
La langue est savourouse, le verbe coloré, la répartie cajoleuse ou moqueuse, le récit bref ou étiré : toute la palette de la sagesse populaire portugaise richement, minutieusement, espièglement illustrée par Philippe Dumas qui a utilisé crayons et pinceaux dans un authentique souci de respect à l’égard du patrimoine culturel portugais. Un ravissement pour tous.

Élisabeth Jousselme – Qué tal Paris – janvier 2017

Comme toujours aux éditions Chandeigne, la présentation est soignée, impeccable, raffinée. La traduction de Bernard Tisser, qu’il qualifie lui-même non sans humour de « traduction libre… mais en liberté surveillée » est remarquable. Il a su parfaitement faire son affaire des disputes oralité/littérature. Voici donc 40 contes portugais très divers, de longueurs variables (contes-nouvelles, contes religieux, facéties où les femmes ont la part belle, contes merveilleux et autres, mais pas de contes d’animaux). Dans l’ensemble, nous les connaissons mais les trouvons ici dans des variantes très intéressantes, inattendues et souvent loin d’être tendres. Philippe Dumas a toujours eu un véritable goût pour les contes. La douceur de son trait et de ses couleurs ne l’empêche pas de traduire parfois le tragique (ainsi pour « La Voleuse d’aiguilles » ou « La Vieille et le brigand» où une seule image terrifiante n’est suivie que de pages non illustrées). Même si les sources auraient pu être plus précisément données, ce livre est un merveilleux cadeau où petits et grands prendront leur compte d’émotions. Sa lecture à haute voix sera un délice. E.C.

Entretien avec Bernard Tissier & Philippe Dumas

Il était naturel que les éditions Chandeigne, spécialisées dans le domaine lusophone, s’intéressent aux contes, partie intégrante de la culture populaire portugaise. Ce projet vient de donner lieu à la publication d’un livre impeccablement réussi qui nous a donné envie d’en savoir plus.

Comment avez-vous procédé pour le choix des contes?

B. T. : J’ai opéré une première sélection de 81 contes à partir de cinq recueils de contes populaires portugais, publiés entre 1879 et 1964, et qui figurent parmi les ouvrages fondamentaux en ce domaine. Anne Lima, des Éditions Chandeigne, en a retenu 40, dont une bonne moitié provient des Contos populares e legendas de José Leite de Vasconcelos (1858 – 1941). La qualité des contes a été notre premier critère de sélection. Nous avons également eu le souci de proposer aux lecteurs des thèmes et des tons variés (depuis le comique jusqu’au pathétique).

Quel a été votre parti pris concernant la traduction ?

B. T. : J’ai opté pour une langue littéraire qui s’efforce de conserver la sobriété et la concision du conte populaire. Et je ne me suis pas privé par ailleurs de recourir à certains des procédés des contes oraux – paroles incantatoires, répétitions – qui scandaient les récits et fournissaient des repères aux auditeurs. Il convient au reste de manier avec prudence la notion d’oralité des contes – oralité qui subit nécessairement quelques entorses lors du passage à l’écrit. On peut distinguer trois cas : contes recueillis de la bouche même des narrateurs populaires (encore que la notion de « narrateur populaire » reste floue) ; contes transmis, sans altérations volontaires, par des personnes lettrées qui les entendirent dans leur enfance ou en prirent connaissance plus tard auprès de personnes peu instruites ; enfin, contes transmis, après mise en forme littéraire, par des personnes lettrées. À cette dernière catégorie semblent appartenir un grand nombre des contes recueillis par José Leite de Vasconcelos ; et l’on est fondé à croire qu’il y a eu quelques erreurs, des interpolations malheureuses, dans la réécriture. Nous espérons les avoir éliminées.

Le livre est abondamment illustré, vous semblez y avoir pris particulièrement plaisir…

P. D. : Oui c’était une aventure car je suis allé au Portugal pour dessiner. J’y ai été très gentiment accueilli et guidé. J’avais la maquette du livre et carte blanche pour l’illustrer. J’ai croqué les scènes de la vie quotidienne, les ambiances. La bibliothèque portugaise Gulbenkian à Paris m’a aussi montré ses trésors : j’ai pu y consulter des revues illustrées du début du XXe siècle. Je veille à ne pas être redondant par rapport au texte et j’espère provoquer un peu de curiosité chez le lecteur pour lui donner envie d’entrer dans l’histoire. Propos recueillis par Ghislaine Chagrot. Il était naturel que les éditions Chandeigne, spécialisées dans le domaine lusophone, s’intéressent aux contes, partie intégrante de la culture populaire portugaise. Ce projet vient de donner lieu à la publication d’un livre impeccablement réussi qui nous a donné envie d’en savoir plus.

Propos recueillis par Ghislaine Chagrot – La revue des livres pour enfants – mars 2017

Entretien avec l’illustrateur Philippe Dumas par Mathilde Parra dans l’émission Lusitania de Radio Aligre