Pessoa, âme lisboète
Impossible d’évoquer Fernando Pessoa (18881935) sans faire allusion à Lisbonne, sa cité. Ses textes sur cette « ville triste et joyeuse » sont aujourd’hui publiés chez Chandeigne dans la très belle anthologie bilingue Lisbonne revisitée. Le quartier du Chiado, le café Brasileiras, l’impasse du ParleToutSeul, le Tage… Autant de lieux que l’on retrouve dans ses poèmes, mais aussi dans ses lettres amoureuses à Ophélia Queiroz, ou sous la plume de ses alter ego imaginaires, ses hétéronymes Àlvaro de Campos et Bernardo Soares. Tantôt monotone, tantôt sinistre et parfois même champêtre, la Lisbonne de Pessoa est avant tout sensuelle : on la voit, la sent, la touche, l’écoute, la mange. Elle est indissociable de son être. « Il n’y a nulle différence entre moi et les rues dans les parages de l’Alfandega sinon que ce sont des rues et que je suis une âme », écrit-il. À la lecture de ses textes, on pourrait pourtant croire que c’est la ville qui a une âme.
Marie Daoudal – Le Monde – Vendredi 14 juillet 2017