Conférence avec ou sans projection. À travers quelques exemples, citations et gravures, cette conférence permet d’aborder la question de la navigation au XVIe siècle et des conditions de vie – parfois dantesques ! – à bord des navires de cette époque…

  1. L’História Tragico-Maritima: un des chef-d’œuvres de la littérature portugaise. Publiés dès le XVIe siècle, les récits de naufrages connurent un grand succès populaire avant d’être réunis, pour douze d’entre eux, par Bernardo Gomes de Brito en 1735-1736, sous ce titre évocateur. Parmi ceux-ci se trouve la célèbre Perte du grand galion São João sur la côte du Natal en 1552, où est narrée la fin tragique du capitaine Manoel de Sousa Sepúlveda et de sa femme Leonor – sujet alors qui fut l’objet de toute une littérature en Europe.
  1. Une autre naufrage célèbre eut lieu en août 1585 sur les Bassas da Índia, autrefois appelés Baixos da Júdia. Ces récifs, depuis 1897 possessions françaises, forment un atoll de coraux fragiles et tranchants, de 30 km de circonférence et qui disparaît à marée haute. Cimetière de centaines de navires et de leurs équipages, il fut le théâtre de l’un des plus effroyables naufrages de l’histoire maritime : celui de la nef portugaise Santiago. Le témoignage des rares survivants est hallucinant. Il nous décrit des hommes ensanglantés implorant Dieu au milieu de nulle part, battus par des flots charriant épaves et cadavres. Seule lueur d’espoir : la fuite sur des radeaux de fortune des plus hardis, qui croient échapper à cet enfer en gagnant, tenaillés jusqu’à la folie par la faim et la soif, les côtes de Mozambique. À terre, cependant, d’autres épreuves les attendent…
  1. Le dernier naufrage abordé est le plus grand désastre maritime portugais jamais survenu. En janvier 1627, une tempête exceptionnelle frappa le golfe de Gascogne. Sept navires coulèrent en vue des côtes d’Arcachon à Saint-Jean de Luz, dont deux monstrueuses caraques des Indes chargées de toutes les richesses de l’Orient, et cinq galions d’escorte : près de 2000 morts et moins de 300 survivants, des centaines de canons perdus, une fortune en diamants et en poivre engloutie… Sur cette tragédie, on ne connaissait guère jusqu’à présent que le texte portugais de dom Francisco Manuel de Melo, publié en 1660, et la relation manuscrite du capitaine des galions. Mais la confrontation de toutes les sources, notamment françaises dont certaines inédites, permettent de reconstituer la vérité des faits, mettant en lumière les rôles peu glorieux des pilleurs d’épaves de la côte landaise, de la noblesse d’Aquitaine en général et du duc d’Épernon en particulier…