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Fernando Pessoa

Né en 1888 à Lisbonne, Fernando Pessoa passe son adolescence à Durban, en Afrique du Sud, où il reçoit une éducation anglaise traditionnelle. Dès très jeune, il écrit et invente des doubles littéraires. Avec son grand ami Mário de Sá-Carneiro et José de Almada Negreiros, il créa la brève revue « moderniste » Orpheu, qui contient les lignes les plus importantes de la littérature portugaise du début du XXe siècle. Gagnant tant bien que mal sa vie comme rédacteur professionnel pour des entreprises de commerce international, Fernando Pessoa dédie le reste de son temps à composer son œuvre. Fasciné par les questions sur l’existence et la civilisation, Fernando Pessoa a voulu construire une œuvre qui changerait le cours de celles-ci. Une œuvre qui engloberait toutes les pensées, tous les traits de toutes les identités, toutes les sensations. L’accomplissement de cette œuvre – écrite en portugais, anglais et français – constitue l’histoire de sa vie. C’est cela qui explique le processus créatif de l’auteur, cela qui l’amène, à produire des autres-lui, les hétéronymes, à travers lesquels il a construit des œuvres littéraires distinctes, tantôt classiques et en vers, tantôt avant-gardistes et en prose. Au total, plus de soixante-dix hétéronymes ont été référencés, dont il nous pouvons retenir cinq noms en plus de l’orthonyme Fernando Pessoa : Alexander Search, le précurseur ; Alberto Caeiro, le maître païen ; Álvaro de Campos, « le sensationniste » ; Ricardo Reis, l’épicurien ; Bernardo Soares, l’intranquille. « Imaginons, comme le disait le critique Robert Bréchon, qu’à la même époque Valéry, Claudel, Cocteau, Gide et Apollinaire aient été un seul et même auteur, cachés sous des masques différents. »
Ayant peu publié de son vivant, il se fera connaître par ses pairs d’un certain milieu, dont plusieurs l’admirent beaucoup. En effet, seuls trois ouvrages en anglais paraissent entre 1913 et 1918, ainsi que le désormais célèbre Message en 1934, qui a reçu un prix national. Pourtant, ses textes vont influencer des générations de poètes et font de lui l’un des plus grands poètes que l’Europe a pu connaître. Ce n’est qu’après sa mort que l’on découvre, dans une grande malle de son appartement lisboète, la dimension de son œuvre monument inachevée – comprenant poèmes, odes, roman policier, dramaturgie, prose, journal, essais, écrits politiques, philosophie – qui fait l’objet de multiples éditions.